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Julien, éducateur au sein d’un foyer Elisabeth : « Grandir ensemble ! »

Dans cette série de portraits de collaboratrices et collaborateurs de Elisabeth, nous avons déjà levé le voile sur plusieurs métiers phares de notre association. Julien, lui, exerce un métier familier… mais dans un univers qui l’est beaucoup moins : celui des jeunes réfugiés mineurs, arrivés seuls au Luxembourg, avec un lourd passé sur les épaules. Être éducateur dans un tel contexte, ce n’est pas un quotidien ordinaire. Rencontrer Julien et l’entendre parler avec tant de passion de ce travail exceptionnel a été un vrai moment fort.

Julien cumule déjà 15 années d’expérience, notamment dans le domaine du handicap en France en passant par le judiciaire auprès du juge des enfants. Depuis juin 2024, il a rejoint Elisabeth. En parallèle, Julien est aussi un passionné de théâtre — une autre facette de lui qu’il a su intégrer dans son parcours professionnel.

Il s’agit d’un travail social très spécifique ?

Oui, tout à fait. Il faut réussir à se mettre à la place de ces jeunes, qui, dès un très jeune âge, portent une lourde responsabilité familiale. Ce n’est jamais par hasard qu’ils entament un tel parcours pour arriver jusqu’au Luxembourg. Beaucoup portent des traumatismes, selon leur vécu et leur pays d’origine. Notre rôle, c’est de les accompagner sur le chemin de l’autonomie.

Explique-nous concrètement ton travail quotidien.

J’accompagne les jeunes dans tous les aspects de leur quotidien. Je suis présent, à l’écoute : pour les petits tracas, les moments plus difficiles, les soucis familiaux. Je fais les journées et les nuits avec eux, en alternance avec mes collègues. Le matin, je veille à ce que chacun se lève et parte à l’école ou au travail. Durant la journée, on discute, on partage les repas, on sort ensemble. Le soir, on joue parfois aux cartes, si le cœur y est. Pour les deux jeunes dont je suis référent, je suis aussi de près leur parcours scolaire : je participe aux réunions avec l’école, je rédige les rapports pour l’Office national de l’enfance… En général, je ne dirais pas que je prends la place des parents, mais plutôt celle d’un grand frère, tout en restant dans une posture professionnelle, dans le conseil et l’accompagnement de proximité.

Pourquoi as-tu choisi ce travail ?

J’aime construire des projets avec les jeunes, je me sens bien avec ce public. Et puis, moi aussi j’apprends beaucoup. Par exemple quand on partage un repas, je découvre d’autres cuisines, d’autres cultures. C’est un échange très enrichissant : une vraie relation de confiance se crée. Et au fond, je grandis avec eux. Ce travail me permet d’évoluer dans ma vision des choses.

Est-ce que tu recommanderais ce travail à un/une collègue ?

Honnêtement, il faut être prêt. Ce métier demande déjà une certaine expérience. Il peut être lourd psychologiquement, ce n’est pas toujours facile.

Pourquoi Elisabeth ?

À l’époque, je ne connaissais pas Elisabeth et je ne me rendais pas compte de la taille de l’association. Au début de mon engagement chez Elisabeth, j’ai eu la chance d’être détaché sur le foyer de Esch, là où d’ailleurs nous avons mis en place une pièce de théâtre, ce fut un réel bonheur et je remercie la direction pour la confiance accordée. Chez Elisabeth j’ai retrouvé des valeurs qui sont aussi les miennes, en premier lieu : le respect. Le respect entre collègues, peu importe l’origine. On nous fait confiance, on écoute notre expérience, notre parole est entendue. Il y a aussi des opportunités de mobilité. Ce qui a été très fort pour moi, c’est d’avoir eu la chance de monter une pièce de théâtre sur le parcours de jeunes réfugiés. Une expérience marquante. Je pense notamment à une jeune Éthiopienne, ancienne enfant soldat. Son père et son frère ont été tués sous ses yeux. Elle a réussi à raconter son histoire à travers le théâtre. Aujourd’hui, elle continue à sourire, elle est brillante à l’école… Pour moi il est souvent difficile de retenir mes larmes et de ne pas montrer mon émotion face à cela, même à la simple lecture du texte.

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