Gabrielle, entre crèche, cultures et réflexions de fond

Cela fait 11 ans que Gabrielle travaille à la crèche Margréitchen, située à Bissen. Infirmière de formation, spécialisée en pédiatrie, elle a rejoint en 2014 cette structure qui accueille depuis 15 ans des enfants de 3 mois à 4 ans, répartis en trois groupes. Aujourd’hui, elle y occupe un double rôle : adjointe à la direction et éducatrice dans un groupe de 16 enfants âgés de 2 à 4 ans et en plus, à côté de ses responsabilités au sein de la crèche, Gabrielle s’engage aussi à temps partiel en tant que Chargée de cultures et de religions pour Elisabeth.

En général chez Elisabeth, les valeurs lui sont précieuses — et ce sont aussi les siennes.

Les différentes cultures et religions du pays

Le poste de Chargée de cultures et de religions est un poste original, peu commun. Il s’agit de faire connaître aux enfants les différentes religions et cultures. Concrètement, Gabrielle organise des visites guidées, par exemple à Luxembourg-ville, ou propose aux enfants des après-midis thématiques autour des religions du monde. Elle les accompagne aussi dans la découverte des grandes fêtes traditionnelles du pays comme Pâques, la Pentecôte, la Saint-Nicolas ou Noël. Ce qu’elle apprécie particulièrement dans cette fonction complémentaire : sortir du cadre habituel, découvrir d’autres institutions de Elisabeth, échanger avec des collègues et participer à un travail plus conceptuel.

Un quotidien bien rythmé

Revenons à son cœur de métier. Dans son groupe, la journée est structurée autour de rituels rassurants : un cercle du matin, les repas, des activités, la sieste, l’hygiène. Un rythme clair pour aider les enfants à se repérer.

Après plus d’une décennie au même poste, Gabrielle observe les évolutions du secteur. Elle prend le temps de réfléchir avant de répondre à la question : qu’est-ce qui a changé en 10 ans ?

    « Les enfants ont changé. Les parents aussi, et le personnel sûrement aussi. »

Gabrielle

Quelles sont les plus grands défis ?

Aujourd’hui, beaucoup d’enfants restent à la crèche de 7h à 18h, les deux parents travaillant souvent à temps plein, parfois loin de chez eux. Gabrielle constate : « Les enfants ont besoin de beaucoup d’attention. On le remarque particulièrement pendant les vacances : quand ils restent moins longtemps à la crèche ils sont visiblement plus détendus. » Du côté des parents, la situation n’est souvent pas évidente.

« Ils n’ont pas toujours le choix. Ce n’est ni la faute des enfants, ni celle des parents. C’est le système qui les pousse à faire comme ça. »

Plus de documentation, moins de temps

Autre grand changement : la charge administrative. Aujourd’hui, chaque geste doit être documenté, souvent via une application dédiée. Chaque enfant a son classeur individuel, avec photos et notes retraçant son évolution. « Ce travail est important, bien sûr. Mais cela prend du temps qu’on ne passe plus avec les enfants », regrette Gabrielle.

Diversité linguistique et remise en question

Avec de nombreuses nationalités différentes représentées parmi les enfants de la crèche, la diversité est une richesse, mais elle représente aussi un défi au quotidien, notamment sur le plan linguistique. Et ce qui manque le plus selon Gabrielle ? « C’est le temps de prendre du recul. De réfléchir à notre propre comportement, à nos réactions avec les enfants. On oublie souvent de se remettre en question. »